Schizophrénie

12 janvier 2022

Points principaux

  • La schizophrénie est un trouble mental grave dont sont atteintes environ 24 millions de personnes, soit une sur 300, dans le monde.
  • La schizophrénie fait partie des psychoses, entraîne un handicap considérable et peut avoir des répercussions sur tous les domaines de la vie, y compris le fonctionnement personnel, familial, social, éducatif et professionnel.
  • La stigmatisation, les discriminations et les violations des droits humains des schizophrènes sont courantes.
  • Plus de deux personnes sur trois atteintes de psychose dans le monde ne bénéficient pas de soins de santé mentale spécialisés.
  • Il existe plusieurs possibilités de prise en charge efficace de la schizophrénie et au moins un patient sur trois pourra se rétablir complètement.

Symptômes

La schizophrénie se caractérise par des troubles importants de la perception de la réalité et par des altérations du comportement liées :

  • à un délire persistant : la personne croit fermement que quelque chose est vrai, malgré l’existence de preuves du contraire ;
  • à des hallucinations persistantes : parfois, la personne entend, sent, voit, touche ou ressent des choses qui n’existent pas ;
  • à une sensation d’influence, de contrôle ou de passivité : la personne est convaincue que ses sentiments, ses impulsions, ses actions ou ses pensées viennent de l’extérieur, lui sont imposés ou retirés par autrui, ou que ses pensées sont transmises à autrui ;
  • à une désorganisation de la pensée, qui se manifeste souvent par un discours confus ou non pertinent ;
  • à une désorganisation extrême du comportement, par exemple la personne semble se comporter bizarrement ou de façon absurde, ou a des réactions émotionnelles imprévisibles ou inadaptées qui l’empêchent d’avoir un comportement adéquat ;
  • aux « symptômes négatifs » (appauvrissement marqué de l’expression orale, émoussement affectif, incapacité à éprouver de l’intérêt ou du plaisir et retrait social) ; et/ou 
  • agitation extrême ou ralentissement psychomoteur, adoption de postures inhabituelles.

Les personnes atteintes de schizophrénie éprouvent souvent des difficultés cognitives persistantes (au niveau de la mémoire, de l’attention et de la résolution de problèmes).

Au moins un tiers des personnes atteintes de schizophrénie connaissent une rémission complète des symptômes (1). Chez certaines autres, on observe une aggravation et une rémission périodiques des symptômes tout au long de la vie tandis que chez d’autres encore, les symptômes s’aggravent progressivement au fil du temps.

Ampleur et impact

La schizophrénie touche environ 24 millions de personnes, soit une sur 300 (0,32 %), dans le monde. Ce taux est de 1 personne sur 222 (0,45 %) parmi les adultes (2). Elle n’est pas aussi courante que beaucoup d’autres troubles mentaux. La schizophrénie débute le plus souvent à la fin de l’adolescence et entre 20 et 30 ans, et généralement plus tôt chez les hommes que chez les femmes.

Elle est souvent associée à un stress et à une déficience importants dans les domaines personnel, familial, social, éducatif, professionnel et d’autres domaines importants de la vie.

Le risque de décès prématuré est deux à trois fois plus élevé chez les sujets atteints de schizophrénie que dans la population générale (3). Les décès sont souvent dus à des maladies somatiques, cardiovasculaires, métaboliques ou infectieuses, par exemple.

Les personnes atteintes de schizophrénie sont souvent victimes de violations des droits humains, dans les établissements psychiatriques comme en dehors. Les schizophrènes sont très souvent victimes d’une forte stigmatisation, qui entraîne une exclusion sociale et a une incidence sur leurs relations avec l’entourage, y compris la famille et les amis. Cela contribue à la discrimination, qui à son tour peut limiter l’accès aux soins de santé généraux, à l’éducation, au logement et à l’emploi. 

Les situations d’urgence humanitaire et de santé publique peuvent entraîner un stress et une peur extrêmes, la disparation des soutiens sociaux, l’isolement ainsi que la perturbation des services de santé et de l’approvisionnement en médicaments. Ces changements peuvent avoir un impact sur la vie des personnes atteintes de schizophrénie, par exemple exacerber les symptômes. Dans les situations d’urgence, les schizophrènes sont plus vulnérables que les autres à diverses violations des droits humains, notamment la négligence, l’abandon, l’absence de logement, la maltraitance et l’exclusion.

Causes de la schizophrénie

La recherche n’a pas mis en évidence de cause unique de la schizophrénie. On pense qu’elle peut avoir pour origine une interaction entre des gènes et un certain nombre de facteurs environnementaux.  Des facteurs psychosociaux peuvent également influer sur la survenue et l’évolution de la schizophrénie. Une forte consommation de cannabis est associée à un risque élevé de schizophrénie.

Services

À l’heure actuelle, l’immense majorité des personnes atteintes de schizophrénie dans le monde ne bénéficient pas de soins de santé mentale. La schizophrénie est diagnostiquée chez 50 % environ des personnes hospitalisées en psychiatrie (4). Seulement 31,3 % des personnes atteintes de psychose bénéficient de soins de santé mentale spécialisés (5). La plupart des ressources allouées aux services de santé mentale sont dépensées de manière inefficace pour les soins dans les hôpitaux psychiatriques.

Il apparaît clairement que les hôpitaux psychiatriques ne permettent pas de prodiguer aux sujets atteints de troubles mentaux les soins dont ils ont besoin et que les droits humains des personnes atteintes de schizophrénie y sont régulièrement bafoués. Les efforts visant à dispenser les soins en dehors des établissements de santé mentale doivent être élargis et accélérés. À cet égard, il faut d’abord mettre au point une gamme de services de santé mentale communautaires de qualité. Plusieurs modalités de soins de santé mentale communautaires sont possibles : l’intégration dans les soins de santé primaires et les soins hospitaliers généraux, les centres de santé mentale communautaires, les centres de jour, les logements dotés de services de soutien et les services de proximité pour le soutien à domicile. Il est important que les membres de la famille et la communauté au sens large apportent leur soutien, le schizophrène devant lui-même jouer un rôle actif.

Prise en charge et appui

Il existe plusieurs options thérapeutiques efficaces pour les personnes atteintes de schizophrénie : les médicaments, la psychoéducation, les interventions familiales, la thérapie cognitivo-comportementale et la réadaptation psychosociale (par exemple, l’acquisition de compétences pratiques). L’aide à la vie quotidienne, le logement avec services de soutien et l’emploi aidé sont des possibilités essentielles qui devraient être proposées aux personnes atteintes de schizophrénie.  Une approche axée sur le rétablissement – visant à donner aux personnes la possibilité de prendre des décisions au sujet de leur traitement – est essentielle pour les personnes atteintes de schizophrénie et pour les familles et/ou les aidants.

Action de l’OMS

Le Plan d’action global pour la santé mentale 2013-2030 indique quelles sont les étapes nécessaires pour fournir des services appropriés aux personnes atteintes de troubles mentaux, dont la schizophrénie. Une des principales recommandations de ce Plan est de proposer ces services en dehors des établissements de soins. L’Initiative spéciale de l’OMS pour la santé mentale vise à progresser plus avant dans la réalisation des objectifs du Plan d’action global pour la santé mentale 2013-2030, le but étant de garantir que 100 millions de personnes supplémentaires aient accès à des soins abordables et de qualité en matière de santé mentale.

Le Programme d’action Combler les lacunes en santé mentale (mhGAP) se sert d’orientations, d’outils et de matériels de formation fondés sur des données factuelles pour développer les services dans les pays, en particulier ceux dont les ressources sont limitées. Il est axé sur un ensemble prioritaire d’affections, dont les psychoses, et oriente le renforcement des capacités vers les prestataires de soins non spécialisés dans le cadre d’une approche intégrée en faveur de la santé mentale à tous les niveaux des soins. Actuellement, le mhGAP est mis en œuvre dans plus de 100 États Membres de l’OMS.

Le projet QualityRights de l’OMS implique d’améliorer la qualité des soins et le respect des droits humains dans les établissements s’occupant de la santé mentale et de l’aide sociale, et de donner des moyens d’agir aux organisations pour défendre la santé des personnes atteintes de maladies mentales et de handicaps psychosociaux. 

Les orientations de l’OMS sur les services de santé mentale communautaires et les approches centrées sur la personne et fondées sur les droits fournissent des informations et un soutien à toutes les parties prenantes qui souhaitent développer ou transformer leur système et leurs services de santé mentale pour qu’ils soient conformes aux normes internationales en matière de droits humains, y compris à la Convention relative aux droits des personnes handicapées. 

Références bibliographiques

(1) Harrison G, Hopper K, Craig T, Laska E, Siegel C, Wanderling J. Recovery from psychotic disease: a 15- and 25-year international follow-up study. Br J Psychiatry 2001;178:506-17.

(2)   Institute of health Metrics and Evaluation (IHME). Global Health Data Exchange (GHDx).  http://ghdx.healthdata.org/gbd-results-tool?params=gbd-api-2019-permalink/27a7644e8ad28e739382d31e77589dd7 (consulté le 25 septembre 2021)

(3) Laursen TM, Nordentoft M, Mortensen PB. Excess early mortality in schizophrenia. Annual Review of Clinical Psychology, 2014;10, 425-438.

(4) OMS. Mental health systems in selected low- and middle-income countries: a WHO-AIMS cross-national analysis. OMS, Genève, 2009 (en anglais).

 (5)  Jaeschke K et al. Global estimates of service coverage for severe mental disorders: findings from the WHO Mental Health Atlas 2017 Glob Ment Health 2021;8:e27.